Ça ne sert à rien de dépenser des millions pour construire des routes en Ile-de-France

Interview de Pierre Serne, conseiller régional EELV du Val d’Oise, : Le Parisien – Transports en Île-de-France & Oise |Grégory Plesse| 04 janvier 2018,

« Ça ne sert à rien de dépenser des millions pour construire des routes en Ile-de-France »

L’ancien vice-président EELV, chargé des Transports au conseil régional d’Ile-de-France, dresse un bilan mitigé de l’action de Valérie Pécresse en ce domaine.
De 2010 à 2015, il a été le monsieur Transports de la région Ile-de-France. Désormais dans l’opposition, Pierre Serne (EELV) dresse le bilan de Valérie Pécresse (LR) en matière de transports, deux ans après son élection à la présidence de la région et du Stif, rebaptisé Ile-de-France Mobilités.

Depuis le début de son mandat, Valérie Pécresse accorde beaucoup d’importance aux transports.
Quel bilan tirez-vous de son action ?
J’ai un avis plutôt nuancé, puisque pour l’essentiel, elle poursuit la politique que nous avions lancée !
Elle est même revenue sur certaines de ses promesses de campagne, comme l’arrêt du
prolongement du tramway T1. Elle a fini par imposer un compromis au maire de Noisy-le-Sec
(opposé à la traversée de sa ville par le T1, NDLR), ce qui a permis de sauver le projet.

Vous êtes pourtant très critique sur certaines mesures comme l’augmentation du passe Navigo…
Oui, surtout parce qu’elle en avait fait une promesse-phare de sa campagne, or elle en a déjà
augmenté le tarif deux fois. Nous aurions très certainement aussi, au bout d’un moment, augmenté
son prix mais à un niveau plus mesuré. C’est pourquoi aujourd’hui, alors que les conditions de
transport des Franciliens se sont détériorées ces derniers mois, nous avons demandé la mise en place
d’un moratoire sur les tarifs du passe Navigo.

Quand le passe Navigo à 70 € a été mis en place, sous la présidence de Jean-Paul Huchon, on vous a
accusé de faire « un cadeau non financé » aux usagers. Avez-vous des regrets ?
Pas du tout ! D’abord parce que le dézonage est plébiscité et a eu un effet significatif sur la
fréquentation. En 2016, pourtant une année très difficile, qui a été plombée par les attentats,
Transilien a enregistré un gain de fréquentation de 7,5 % et la RATP, de 10 %. Qui s’est bel et bien
traduit sous forme de recettes supplémentaires, puisque le Stif (désormais Ile-de-France Mobilités,
NDLR) a réalisé cette année-là un excédent de 120 M€ ! Enfin, les aides de l’Etat (relèvement du
versement transport et de la taxe sur le pétrole) que Valérie Pécresse dit avoir obtenues de Manuel
Valls, nous les avions déjà nogociées !

Que pensez-vous de la promesse de livrer 700 trains neufs ou rénovés d’ici à 2021 ?
Madame Pécresse avait parlé pendant la campagne de 700 rames neuves et elle a désormais mêlé
rames neuves et rénovées. Celà correspond, à ce stade, aux commandes que nous avions passées
avant 2015. Quand elle se félicite de la livraison de 198 trains depuis deux ans, elle félicite notre
équipe ! Et c’est logique : lancer un appel d’offres pour de nouvelles rames, c’est un processus très
long, nous l’avions rappelé pendant la campagne. Je crains d’ailleurs que les premiers RER nouvelle
génération, dont elle a finalisé la commande (en janvier 2017, NDLR) et qu’elle promet pour 2021,
n’arrivent qu’après la fin de son mandat. Au final, d’après le rythme actuel, elle devrait arriver en
2021 à environ 280 rames neuves qu’elle aura commandées elle. Soit autant que ce sur quoi nous
étions engagés et qu’elle jugeait trop faible…