Quel avenir pour les quartiers Grand Centre et Bossut de Cergy-Pontoise ?

La Ville Nouvelle de Cergy-Pontoise a été conçue dès l’origine pour constituer un pôle de développement urbain structurant à l’échelle de son territoire, entre l’Ouest Francilien et la Normandie.

Nous ne partageons pas l’idée des responsables socialistes et UMP locaux selon laquelle Cergy-Pontoise devrait aujourd’hui abandonner son projet de développement autonome pour s’intégrer dans un «Grand Paris» monstrueux et tentaculaire, imaginé par le président de la République.
Nous rejetons tout autant la perspective d’une gigantesque mégalopole qui s’étirerait tout au long de la vallée de la Seine, jusqu’au Havre, comme certains l’imaginent et le souhaitent.

Les écologistes ont toujours milité pour une politique d’aménagement du territoire qui permette à chacun de travailler à proximité de son lieu d’habitation et aussi d’y disposer de l’ensemble des équipements et services nécessaires, de façon à limiter au maximum les besoins de déplacement.

C’est en restant fidèles aux principes d’aménagement équilibré du territoire qu’EELV entend proposer sa vision sur l’avenir et la rénovation du grand centre, et sur l’urbanisation de la ZAC Bossut au sein d’une agglomération dont on peut discuter du périmètre, mais qui doit conserver la maîtrise de son développement.


La réflexion publique a mis en évidence la nécessité de traiter un périmètre plus vaste incluant le quartier BOSSUT.

Nous apprécions que la réflexion menée sur l’avenir de ce quartier soit publique, et qu’elle soit éclairée par des analyses d’urbanistes, mais nous considérons que le périmètre retenu n’est pas pertinent, et qu’il devrait intégrer le quartier Bossut.
L’entêtement du maire UMP de Pontoise à tourner le dos à la Ville Nouvelle constitue un réel handicap pour une vision d’avenir cohérente de cette zone centrale et stratégique de notre agglomération.

A défaut d’une fusion entre les 2 projets d’aménagement (grand centre de Cergy et quartier Bossut), la couverture partielle de l’autoroute A15 pour assurer une continuité entre ces 2 quartiers et prolonger le mail des Cerclades au-delà de l’A15 apparaît comme une nécessité.


Un diagnostic que nous partageons mais qui met en évidence les carences et les erreurs des principes d’aménagement antérieurs.

Nous sommes globalement d’accord avec le diagnostic formulé par les urbanistes concernant les problèmes de ce quartier, mal conçu, inachevé, mal entretenu, difficile d’accès, avec une circulation interne compliquée.
Il est assez désespérant de constater qu’une grande partie de ce qui a été construit il y a 40 ans sur des fonds publics, doive aujourd’hui être détruite pour résoudre ces problèmes. Nous sommes bien loin du souci de sobriété et d’efficacité des choix des politiques publiques, souci cher aux écologistes !
Les contraintes générées par l’urbanisation sur dalle, la proximité de l’autoroute et des lignes à haute tension ne faciliteront pas la restructuration de grande ampleur qui semble devoir s’imposer pour garder ce quartier attractif, et digne d’un centre d’agglomération de 200 000 habitants qui compte plus de 25 000 étudiants.

L’objectif de création de logements correspond aux plans d’aménagement : il permet de « finir » le centre d’agglomération, mais doit mieux prendre  en compte l’exigence de mixité sociale.

Les élus EELV ont approuvé le Plan Local de l’Habitat qui prévoit la construction de 1 300 logements par an dans l’agglomération.  Si les constructions de logements neufs sont indispensables pour répondre aux attentes de nos concitoyens, et freiner la hausse vertigineuse du coût du logement en Île de France, les écologistes refusent d’accéder à la demande du gouvernement qui voudrait nous imposer un rythme de  1 656 logements par an dans l’agglomération avec sa loi « Grand Paris ».

Les 3 000 logements neufs prévus dans le «grand centre» de Cergy étaient programmés de longue date et ne constitue que l’achèvement de l’urbanisation prévue de ce secteur. L’apport de population résidente est un atout pour apporter un supplément de vie à ce quartier.
Nous proposons qu’une partie de ces constructions soit axée vers des logements dédiés, aux étudiants et aux seniors notamment, permettant ainsi de répondre aux besoins actuels (pénurie de logements étudiants), et futurs liés au vieillissement de la population.  Il en va de même pour les 2 600 logements programmés sur la ZAC Bossut.

Une mixité fonctionnelle équilibrée (emplois/logements/activités) est un impératif qui assurera la viabilité du quartier  de part et d’autre de l’autoroute

Mais les logements ne sont pas tout. Les écologistes sont attentifs au respect de l’équilibre habitat emplois, et à une certaine mixité fonctionnelle qui inclue la présence de commerces, de services, de lieux culturels et de loisirs.
Nous nous félicitons de constater que l’idée saugrenue d’une extension du Centre Commercial des 3 Fontaines, pour en faire un « grand centre commercial régional »,  qui aurait attiré des milliers de véhicules automobiles supplémentaires en centre ville, n’ait été retenue par aucun urbaniste.
Une restructuration-rénovation et l’ouverture sur l’extérieur de ce centre commercial sont indispensables, mais celui-ci apparaît correctement dimensionné pour les habitants actuels et futurs de ce quartier, même si l’offre commerciale mériterait d’être plus diversifiée.

La création d’emplois, l’ouverture de lieux de rencontres et de salles de cinémas, (qui, malgré les engagements du maire de Cergy, ont disparu du quartier suite à l’agrandissement inopportun et contesté du multiplexe de Cergy le Haut), doivent impérativement prendre leur place dans ce projet.
Constructions et  aménagements doivent  respecter les règlements actuels, mais aussi permettre  de corriger les défauts constatés dans la gestion et l’entretien du quartier.

L’ensemble des constructions nouvelles et des aménagements urbains devra évidemment respecter les hauteurs maximales prescrites dans le PLU et répondre aux exigences de Haute Qualité Environnementale (c’est à dire anticiper sur les exigences règlementaires futures de performances énergétiques et  environnementales) .

Cependant, il ne sert à rien de vouloir requalifier un quartier si on continue à négliger son entretien.
La piètre qualité et le mauvais entretien des espaces publics est aujourd’hui un facteur de désaffection du quartier Grand Centre. Il faut impérativement une seule autorité compétente (ville ou CACP) pour gérer les espaces à usage public et bannir les imbrications espaces privés / espaces publics, impossibles à entretenir.
Si l’équilibre « emplois/logements » n’est pas amélioré sur cette zone centre de l’agglomération, la qualité de service des réseaux de transport risque de se dégrader, en particulier pour le RER A,  ou en interne (transports en commun)   

La problématique des déplacements doit évidemment être abordée dans tout projet d’aménagement.

L’apport de population nouvelle dans ce quartier risque dans un premier temps d’accroître la fréquentation du RER A en direction de Paris et la Défense. L’amélioration de cette liaison demeure pour nous une priorité. Mais nous proposons aussi, afin de soulager le trafic sur le RER A, de développer sur le grand Centre et le quartier Bossut, des espaces de télétravail pour limiter les besoins de transports de voyageurs qui se rendent vers les grands pôles d’emplois parisiens tels la Défense ou le quartier Saint Lazare. La présence des télétravailleurs permettrait en plus de renforcer la mixité sociale et le dynamisme du centre d’agglomération par les retombées sur les services socio-culturels et les commerces de proximité.

Mais la qualité et la performance des moyens de déplacements internes à l’agglomération sont tout aussi déterminantes. Rappelons que 40% des actifs de Cergy-Pontoise exercent leur activité sur l’agglomération. Il était autrefois de 60%, ce qui montre une détérioration très nette, alors que St Quentin en Yvelines a conservé cette proportion et constitue un véritable bassin de vie. Ce devrait être un objectif d’augmenter ce pourcentage de façon significative.

Le grand centre est une zone particulièrement bien desservie en matière de transport collectif, c’est un de ses atouts majeurs.
Cergy-Préfecture est une importante plateforme multi modale avec une gare routière qui dessert toutes les zones d’activité de l’agglomération. Le RER A , avec 4 stations sur l’agglomération, et même 5 si on inclue Conflans dans le périmètre de l’agglomération, fonctionne en métro interne. On peut également considérer que le RER C assure la même fonction de métro interne sur une 2ème ligne avec 3 stations dans l’agglo: Pontoise, SOA,  et Liesse.
Le problème est que ces 2 lignes ne sont pas interconnectées entre elles, d’où l’intérêt de la continuité urbaine entre les quartiers Grand Centre et Bossut rappelée ci dessus et d’un transport en commun en site propre Nord-Sud qui assurerait cette interconnexion RER A et RER C, entre Cergy Préfecture et Pontoise gare. Toute restructuration de ce pôle devra donc être étudiée avec le plus grand soin. Le projet de réaliser 2 accès pour la gare RER  nous semble opportun.

Pour la création d’un transport en site propre reliant, via les « centre-gare » de CERGY et de PONTOISE, le Sud de l’agglomération aux zones à fort tropisme situées au Nord de PONTOISE – OSNY (Cité judiciaire, hôpital, lycées, clinique, zone commerciale)

Il manque cependant une liaison performante Nord-Sud, franchissant l’autoroute A15 et permettant de relier le grand centre de Cergy à la gare de Pontoise, qui constitue le 2ème nœud important de l’agglomération en matière de transports collectifs.
Nous soulignons tout l’intérêt qu’il y aurait à étudier une ligne de Transport en Commun en Site Propre entre ces 2 gares, qui pourrait se prolonger au-delà de la gare de Pontoise en franchissant le faisceau des voies ferrées pour ouvrir l’accès, sans rupture de charge, au centre ancien de Pontoise et aux grands services publics implantés au nord de l’agglomération (Cité Judiciaire,  Théâtre des Louvrais, Centre Hospitalier, Clinique, Lycées..)
Par contre, nous sommes réservés sur l’intérêt d‘une mode de transport de type téléphérique qui reste à démontrer.
Mais comment financer et qui investira ?

Le point crucial reste le financement, peu abordé dans les études qui nous ont été présentées. En ces périodes de rigueur budgétaire, quelle collectivité publique est prête à déverser les dizaines de millions d’euros nécessaires à la réalisation de ces projets ? Il ne faudrait pas que l’importance de ceux-ci justifie la multiplication des partenariats publics-privés, très coûteux à long terme.
Des choix sobres sur le plan budgétaire mais efficients sur le plan urbain et environnemental, tournant le dos aux « effets d’images », seront donc à privilégier.